(arguments préliminaires)
L’être humain se construit au milieu d'un tourbillon de rôles sociaux et de relations affectives. Installé dans une vie d'obligations et de compromis, son bien-être est surtout déterminé par sa capacité d’accommodation aux circonstances. Il semble ainsi adapté à son environnement jusqu'au bouleversement de son équilibre émotionnel. Une difficulté existentielle peut émerger à n'importe quel moment mais particulièrement lorsque des événements actualisent les fragilités de la personnalité ou que des changements ne considèrent plus l'individualité en débordant les facultés de discernement et les capacités de contrôle ou d'élaboration. Sa souffrance existentielle peut montrer la rupture de sa conscience avec la réalité de ses perceptions et la désorganisation de son monde émotionnel conséquente d’erreurs d’interprétation, d’incohérences symboliques (sentiments, croyances) ou d’une désarticulation psychoaffective (figement, fragmentation).
Il se trouve que l’individu existe dans tous ses espaces représentatifs, émotionnels et comportementaux formant un gloubiboulga de passé, de présent et de futur. Percevant sa réalité au moment où il la regarde, il conceptualise et créé sa réalité au moment où il la regarde : « j'ai toujours pensé que je n'étais pas aimé de mon père, maintenant je sais qu'il m'a aimé profondément, il n'a simplement jamais trouvé les mots ou le courage de le dire ». Au lieu de produire l’être qu’il n’est pas en se fabriquant un masque, il doit se reconnaître et s’accepter pour créer celui qu’il est. C’est en décodant ses charges émotionnelles, en précisant ses signifiants historiques et en dégageant ses contextes affectifs qu’il ouvre sa conscience à sa propre réalité pour observer l’essentiel de lui-même : « qui suis-je réellement ? » Exister réellement et accéder à l’autonomie mentale demande alors d’agir sur les causes, sinon sur leurs représentations symboliques (in)conscientes.