Il se trouve que nous accédons à la connaissance des choses uniquement par leurs phénomènes, désignant l’objet tel qu’il nous apparaît de l’extérieur.
Nous n’avons pas accès à la chose en soi, c’est-à-dire à sa réalité fondamentale et essentielle.
La chose en soi ne peut être connue dans sa réalité interne et immédiate car il faudrait se placer en elle-même et y porter un regard totalement neutre pour l’appréhender, « à condition que je ne l’aie jamais vue auparavant, que l’on ne m’en ait jamais parlé et que je ne possède aucune représentation pouvant influencer mes perceptions ».
La connaissance du monde demande d’effectuer des déductions et des interprétations des informations qu’il envoie.
La recherche scientifique procède exactement de cette façon mais, lorsqu’il s’agit de réalité humaine (sentiments, ressentis, représentations, désirs, impressions, idées), confirmer ou décrire des perceptions exactement (fidèlement) devient difficile pour qui cherche la vérité.
L’individu agit alors pour valider ou dénoncer les perceptions qu’il reçoit dans l’expérience d’une situation vécue.
De l’orientation de ses facultés psychiques et de l’interprétation subjective de ses sensations physiques découlent des déformations perceptives.
De fait, la prise de conscience vraie et exacte de l’expérience d’un individu sera toujours exprimée en termes de sentiments, de perceptions et de significations subjectives provenant de ses représentations mentales constituant le cadre interne et subjectif de ses critères existentiels.
Par conséquent, « j’ignore une personne dans son essence et dans sa réalité interne purement objective, je ne peux donc connaître entièrement ni autrui ni moi-même ».