L’individu est normalement uni à lui-même, il évolue naturellement dans une forme relationnelle vivante en établissant un rapport de confiance et de liberté à son environnement : « par la concordance de moi avec qui je suis (acceptation de soi), j’acquiers une compréhension du monde et de moi-même suffisamment sincère pour projeter une expression fidèle de ma pensée et proposer à autrui une représentation avérée de qui je suis réellement et comment je perçois ».
Un désaccord des ressentis, des perceptions et de la pensée dénonce une rupture de contact de soi avec soi, née des illusions de soi (croyances) et de l’ego, altérant largement l’estime (bienveillance dirigée vers soi et appréciation de sa propre valeur) et la représentation de soi (image construite de l’idée et d’une définition de soi).
L’abandon ou la mise à distance du masque de l’ego provoque un état immédiat d’ouverture et de spontanéité en rétablissant la corrélation entre le ressenti et la pensée (représentation du monde intérieur) pour créer un lien sincère avec le monde extérieur.
Il est donc important de s'écouter : « plus je suis disposé à écouter mes ressentis et mes pensées, davantage j’ai la faculté d’écouter l'autre ».
La manière congruente représente alors un effort pratique qui engage l’ouverture à soi conciliée à l’ouverture à l’autre : « je ne vais pas paraître idiot lorsque je ne saisis pas le concept, j’exprime mon ignorance qui me permettra, par la connaissance d’autrui, d’accéder au savoir ».
Lorsque la rencontre des perceptions et des pensées permet à la conscience d’être vraiment authentique, la congruence transparaît dans les comportements (attitudes) et la communication (parole), « l’accord de congruence me permet de me reconnaître et de m’ouvrir à qui je suis afin d’exister en tant que moi (être moi pour moi-même) ».
On peut se questionner sur la pertinence d’être soi au milieu des autres car se dévoiler sincèrement c’est soumettre sa part intime aux regards, aux jugements et aux critiques : « je suis porté sur le sexe » ou « j’ai des enfants mais je ne les ai pas reconnus par lâcheté » sont des affirmations qui se confrontent (s’opposent) aux représentations de la conscience collective (morale), est-il socialement possible de les exprimer en toute occasion ?
Étant donné que les mécanismes de socialisation procèdent du lissage des sentiments par l’uniformisation des pensées et des comportements : « malgré la surestimation du danger, vous serez tous confinés pour le bien de la collectivité ! », il peut sembler difficile d’être parfaitement sincère avec son environnement.
L’existence ne relève pas de la quête insatiable de l’approbation d’autrui ou de l’accommodement de ses propres perceptions et de sa pensée aux souhaits et exigences de l’autre, l’expérience existentielle commence donc par l’apprentissage de la congruence.