La reconnaissance d’une émotion relève de sa connaissance par son expérience : « je comprends ton émotion car je la connais ».
C’est la projection en miroir de sa propre réponse émotionnelle qui permet de décoder celle d’autrui (l’émotion de l’autre lui convient et le concerne particulièrement) : « je place ma conscience à plusieurs niveaux dans la relation, je suis d’abord réceptif, c’est-à-dire présent au monde qui m’entoure pour accueillir en moi-même l’éprouvé de l’autre afin de percevoir son ressenti d’après la connaissance que j’en ai ».
Néanmoins, accéder à la compréhension empathique demande de centrer son attention sur l’autre en se libérant de ses représentations.
La capacité de mise en perspective de sa propre réponse affective conditionne alors la faculté d’observation et de reconnaissance des émotions d'autrui : « ma présence consciente (écoute de soi) et la capacité de mise en perspective (détachement) de ma réponse affective facilite la compréhension de la situation et du ressenti d’autrui ».
Le discernement, l’accueil bienveillant et la régulation de ses émotions permettent ainsi d’aborder sereinement une relation émotionnelle.
La description et la clarification des sentiments et des attentes engagent une communication libérée des injonctions : « je suis expressif en conservant l’aptitude de formulation objective pour atteindre l’autre avec la lucidité nécessaire pour ne pas verser dans une relation de domination, de soumission ou de complicité sympathique ».
L'empathie et la sympathie forment les modalités d’une rencontre bienveillante tout en étant fondamentalement distinctes par leurs intentions.
Une écoute sympathique considère l’état affectif de l'autre avec une confusion (identification) dans l'établissement du lien relationnel, construit par un rapport affectif d’amitié, d’intérêt ou de rôle.
La relation sympathique présente ainsi le risque d’une fausse compréhension émotionnelle en faisant exister à l’intérieur de soi l’état affectif de l’autre : « je suis (deviens) l’autre en moi-même ».
En logeant en soi-même un ressenti différentié par mécanisme d’identification, la situation d’amalgame émotionnel est préjudiciable aux deux acteurs de la relation car le regard contrasté d'un autre bienveillant, proposant des observations et des perceptions subjectives, n’est pas réalisé.
L’empathie se trouve à l’opposé de l’emboîtage sympathique à autrui, elle est la modalité relationnelle évitant la confusion (fusion) de soi avec le ressenti et la situation de l’autre : « je ressens autrement, je reconnais et partage le vécu émotionnel de l’autre sans fusionner avec lui ».
L’entendement empathique se distingue alors de la forme relationnelle sympathique par l'absence d'obligation et d’enjeu affectif, la distance émotionnelle étant permise par la conscience de l’ipséité (conscience de soi, perception d'être unique, particulier et autonome).