Avant de pouvoir exprimer (projeter) un élément psychique (émotion, pensée, sentiment, intention) dans la réalité, il est nécessaire qu’il soit préalablement intégré par l’introjection sous la forme d’une représentation symbolique.
L'introjection est un mécanisme psychique qui intègre des éléments extérieurs à l’intérieur de soi en inscrivant les images correspondantes dans la mémoire (le processus introjectif intègre et symbolise les éléments de la réalité).
Ce sont les mouvements interactifs de projection et d’introjection (donner et recevoir sont des mouvements projectifs et introjectifs) qui permettent la connaissance et la réflexion (au sens du miroir qui reçoit et renvoie l’image de l’enfant pour le constituer en tant qu’être relationnel).
Il s’agit donc de se positionner (se projeter) à la place des autres membres de l’espace généalogique avec leur connaissance intime (introjection) pour supposer leurs intentions et pressentir leurs implications à chaque moment et dans chaque direction prise par l’arbre.
Afin de résoudre les conflits transgénérationnels, la projection de soi à la place de chaque personne de l’arbre généalogique doit utiliser le principe de partialité (altérité bienveillante) pour définir la posture particulière (individuelle) de chacun dans chaque situation.
« Je prends successivement parti pour tous les membres de mon système familial en me montrant clairement compréhensif et empathique pour la position de chaque personne.
J’adopte une attitude de responsabilité partiale (je m’identifie à l’autre) envers les diverses suites d’une situation pour chacun.
Je reconnais alors les divers points de vue dans chaque situation (conflictuelle ou non) de l’histoire familiale dans ce qu’elle a d’équitable ou d’injustifiable pour l’équilibre familial.
Je pose les questions des désirs, des besoins, des nécessités, des intérêts, des enjeux, des possibilités, des liens, des rôles, des fantasmes et aussi de tous les éléments qui me sont inconnus mais que je vais découvrir par ce biais ».
Le questionnement des actes et des pensées utilise alors le langage de la mémoire qui se manifeste sous forme d’images symboliques :
« qu’est-ce que cela signifie et a signifié pour moi ? »,
« qu’est-ce que cela a signifié et signifie encore pour mon père, ma mère, mes frères, sœurs, cousins, tantes, grands-parents ? »,
« quels étaient les enjeux affectifs ? »,
« pourquoi ne pas avoir procédé autrement ? »,
« quelles sont les images fortes de mon enfance ? ».
Des noms, des dates, des lieux, des monuments ou des objets tels que lettres, testaments, photos, vidéos, dessins peuvent guider la réflexion de la projection symbolique pour favoriser la reconnaissance d’un contexte passé et éclairer les enjeux et les non-dits transgénérationnels.
Pour enrayer la chaîne des répétitions, la projection généalogique rejoue le passé et prend la parole pour chaque personnage, qu’il soit considéré comme monstrueux ou bénéfique.
Les faits et les mots sont des signifiants symboliques dont l’exploration éclaire les motivations et les fondements oubliés.
Cette stratégie doit réveiller la mémoire transgénérationnelle en prenant en considération les informations familiales disponibles : le serment (la loyauté à l’emblème familial) et la dette (fantôme) de sa propre histoire au passé (définie par ses obligations et son propre rôle familial) pour pouvoir identifier les problématiques actuelles.
Faire remonter à la conscience les informations, les fidélités et les injonctions subsistant des racines ancestrales les plus profondes dégage une connaissance différente de soi-même en éclairant des parties de soi oubliées, reniées, refoulées.
