Un besoin primaire insatisfait (boire, respirer, manger, se mouvoir, éliminer, se reposer, se vêtir, éviter les dangers, maintenir sa température corporelle stable, communiquer) déclenche irrémédiablement une forte sensation corporelle comme signe de l’urgence vitale : « je meurs de soif ».
Un besoin psychique (se réaliser, se divertir, agir selon ses valeurs, apprendre, évoluer, être reconnu) se manifeste avec énergie dans l'émotion ou le sentiment : « j'ai le sentiment d'avoir besoin de développer mes relations sociales ».
Des affirmations courantes montrent l’influence (interaction) significative des besoins psychiques et primaires : « j’ai besoin de me promener pour me détendre car je suis en colère » (se mouvoir ◄► se détendre).
Les émergences émotionnelles résultent donc essentiellement de l’insatisfaction d’un besoin dont la source se trouve dans l'ignorance de sa réalité (la perception du besoin permet sa satisfaction).
La fonction émotionnelle définit ainsi leur état de satisfaction (E2.6 - les critères subjectifs de satisfaction) :
la colère résulte de la contrariété du besoin de reconnaissance et de réalisation, elle se manifeste par la difficulté de communiquer, d’apprendre, de se protéger des dangers et d’évoluer selon ses valeurs
la tristesse ressort d’une carence du besoin de reconnaissance et d’estime, elle se manifeste par une incapacité à se divertir, participer à des activités, se reposer, se mouvoir et se réaliser
la peur désigne l’absence du sentiment de sécurité lié au besoin de se protéger des dangers, elle se concrétise par la difficulté de s’occuper en vue de se réaliser, de respirer librement et de communiquer
la joie prend sa source dans l’acceptation de la satisfaction graduée (entière ou partielle) des besoins
Des affirmations telles que : « c’est trop compliqué à expliquer », « c’est trop long à raconter », « tu ne peux pas comprendre » peuvent donner l’impression qu’une situation est complexe et signifier un défaut dans la compréhension d’un contexte émotionnel ou impliquer des sentiments obscurs reliés à un événement (honte, culpabilité, jalousie) démontrant que les considérations relationnelles et affectives, les représentations symboliques et les besoins fondamentaux sont empêtrés dans un méli-mélo mental et émotionnel.
Il est donc nécessaire de dépasser la complexité apparente d’une situation en ramenant la conscience pragmatique à la réflexion et au discernement des perceptions et des nécessités (besoins) pour pouvoir regarder chaque situation par le sentiment de sécurité et l’harmonie émotionnelle.
Une réflexion portée sur les conditions de l’environnement engage la considération (par l’altérité, la bienveillance, la communication, l’assertivité) du lien entre le ressenti émotionnel et le besoin : « la rupture (contexte) m’a mise dans un tel état de tristesse (émotion) que je ne supporte plus (ressenti) d’être seule (représentation de soi), j’ai besoin de voir du monde (besoin de communiquer) pour me sentir exister (besoin d’appartenance) ».
Évoluer sereinement dans son environnement commence donc par le discernement des perceptions qui déterminent la charge et la tonalité du vécu émotionnel : « je sens monter la colère ».
La prise de conscience du lien étroit entre besoins et manifestations émotionnelles détermine la force et la fréquence des expressions affectives : « la fatigue me rend irritable ».
La régulation (harmonisation) émotionnelle résulte alors de décisions et d’actions conscientes : « je vais me reposer ».
C’est en redéfinissant la spécificité de ses besoins et en rétablissant les procédures et les conditions de leur satisfaction (apaisement) que l’individu devient capable de bien vivre ses émotions et d’évaluer une situation raisonnablement.
Réaménager les conditions de vie permet ainsi à la conscience de se rendre disponible pour rétablir un lien lucide au vécu émotionnel : « j’avais vraiment besoin d’une sieste car depuis, je me sens revigoré et j’ai les idées claires (joie) » pour dessiner chaque moment de vie avec confiance et simplicité.