Le sentiment engage la représentation du monde relationnel de l’individu (rôle, statut, désirs) et son rapport à un objet symbolique particulier (corps, père, mère, fratrie, société) : « si je perds mon travail, je perds tout ! ».
Par leurs caractères excessifs et destructeurs, les sentiments de désespoir, d’angoisse, de jalousie ou de haine signent l’altération de l’état psychique.
Un sentiment envahissant décrit alors l’obscurcissement du discernement par la soumission de la conscience à une charge émotionnelle disproportionnée dont elle devient l’objet : « je suis terrifié à l’idée de sortir » traduisant l’apparition d’un conflit (menace du désir par l’interdit) lié à un état de besoin ou de volonté.
réalité ► représentation ► sentiment ► perception ► corps ► émotion ► comportement.
La voracité émotionnelle d’un sentiment obsédant se manifeste par des réactions puissantes (convulsion, agitation, colère).
Le cas de l’angoisse existentielle (terreur) est le sentiment exemplaire d’une charge émotionnelle paroxysmique.
L’angoisse est particulièrement reliée à des sensations corporelles dans l’instant présent (étouffement, tétanie, douleur) et à des motifs symbolisés (pensées d’images représentatives) de peur.
Elle se constitue ainsi sur l’émotion envahissante (dévorante) de la peur d’un dénouement, d’une ruine, d’un anéantissement, d’une annulation ou d’une disparition définitive de quelque chose (notamment par la mort), touchant à un conflit profond (culpabilité, faille, dislocation, manque).
Pour atténuer les perceptions de déchirement existentiel et se distancier d’une pensée vorace (obsédante), l’individu peut projeter violemment sur autrui son angoisse (peur) par la rage (colère).
Se protéger de la dévastation de l’angoisse ou de la rage se fait d’abord par la mise en sécurité (éloignement dans un endroit isolé, calme et rassurant), puis par le détachement de la représentation en cause.
Une voracité peut sembler destructrice pour l’entourage mais elle est susceptible d’être transformée en reconnaissant sa manifestation émotionnelle par sa compréhension (empathie) : « ta peur est-elle liée à une pensée terrifiante ? ».
L’action empathique permet la compréhension des émotions, des sentiments, des représentations, des intentions et des comportements par leur verbalisation (reformulation) pour les réintégrer dans le domaine conscient.
La nature de la communication empathique et assertive exerce une action primordiale sur la décharge, la tonalité et l’équilibrage du jaillissement émotionnel.
L’accueil, le partage des sensations, l’accompagnement, la reconnaissance de l’affectivité, la compréhension des causes (enjeux, intentions, conséquences, liens relationnels) et l’affirmation bienveillante des besoins et désirs de chacun adressés à la partie disponible (accessible) de la conscience produisent un effet de réduction (transformation) de la charge affective dévorante.