Les émotions [ je vis ] sont les couleurs de l’existence, les sentiments [ je suis ] en dessinent le chemin, « ma palette émotionnelle décrit le paysage de mon existence ».
Sentiment vient de sentement, signifiant ce que je ressens par ma pensée.
C’est une idée stable pouvant être représentée (symbolisée), raisonnée, orientée et verbalisée, ne comportant ni action corporelle spontanée ni modification perceptible de l’état de conscience.
Étant un produit de la conscience, le sentiment est un état affectif intérieur qui s'exprime par la parole.
Secondaire à l'émotion, il se construit en même temps des représentations symboliques (significations contextuelles) et de la sensation corporelle agréable ou désagréable de l’état émotionnel.
L’émotion est en constante interaction avec le sentiment qu’elle rejoint, nourrit et renforce.
L’émotion et le sentiment se reconnaissent donc mutuellement.
Le sentiment représente ainsi une compréhension subjective de l’émotion associée dont il émane et dépend : « lorsque je suis colérique, en plus de détruire des choses extérieures, j’ai le sentiment de détruire quelque chose en moi ».
Ces deux versants se complètent en formant deux expressions différentes de la même chose, l’une (spontanée) par le corporel et l’autre (réfléchie) par les pensées symbolisées et verbalisées :
La peur est symbolisée dans l’angoisse, l’inquiétude, l’anxiété, l’épouvante, la honte, la culpabilité.
La joie est symbolisée dans l’amour, la communion, la satisfaction, la sérénité, le bonheur.
La tristesse est symbolisée dans la nostalgie, le désespoir, l’impuissance, l’indignité, la défaite.
La colère est symbolisée dans la jalousie, la suffisance, la révolte, la malveillance, la rancune.
C’est ainsi qu’une situation perçue comme dangereuse (besoin de se protéger des dangers) provoque la peur invitant à la fuite.
À l’éloignement du contexte dangereux, l’émotion disparaît en s’inscrivant simultanément dans le corps ainsi que dans les pensées pour constituer l’empreinte mémorielle des perceptions sensorielles de l’événement fondateur ayant provoqué les sensations.
Une émotion de peur est alors susceptible de se prolonger dans la conscience en nourrissant un sentiment d’insécurité, de culpabilité ou de regret, particulièrement en cas d’absence ou de négligence dans l’évaluation des risques de la situation vécue : « je m’en veux (colère) de n’avoir entendu ton intention de me quitter, j’aurais dû (prolongement de la colère dans le sentiment de remords) être plus attentive (bienveillance) à tes paroles et à tes actes (altérité) ».
Le sentiment se construit de l’émotion (perception, sensation) et des représentations symboliques (pensées, idées, croyances) dont l’origine contextuelle est antérieure (violence, frustration, déception, idéalisation, abandon).
La mémoire des représentations et leur interprétation sont donc déterminantes dans l’émergence des émotions et des sentiments actuels : « je suis content de retrouver ma place » - « une nouvelle relation m’effraie car elle me renvoie à ma rupture passée ».
réalité ► corps ► perception ► émotion ► discernement ► sentiment ► pensée ► représentation