Œuvrer, exprimer, bâtir, créer et (se) montrer sont des tentatives pour exister dans le monde.
Exister par les rôles, les statuts, les actions et les relations affectives sont des projections du moi (personnalité) dont les intentions sont symboliques du sens donné aux objets par la conscience : « l’analyse de tout ce que je fais exister dans mon monde existentiel favorise ma croissance et la connaissance de qui je suis ».
Les choix de vie manifestent normalement une démarche de satisfaction des désirs et des besoins fondamentaux.
Pourtant, l’action quotidienne se fait souvent sans réflexion préalable car certains comportements peuvent être conditionnés (généalogie, représentations, croyances).
Les regrets, les culpabilités, les chances et les expériences sont alors autant de signes qu’une vie a été tentée sur le mode des représentations aléatoires, une recherche de sens s'avérant ainsi infructueuse.
Comme les mouvements projectifs prennent racine sur les instincts pulsionnels (désirs, besoins) extériorisés par les expressions émotionnelles et symboliques (mots), lorsqu’ils s’inscrivent et se fixent sur un objet particulier (individu, lieu, époque, action, circonstance) ils sont signifiants d’une chose car l’objet concerné porte le sens d’une partie de l’histoire personnelle.
Toutes les émergences symboliques peuvent ainsi être interprétées, invitant la prise de conscience du sens de l’existence.
Il est important d’amener la conscience dans la dimension symbolique et signifiante des projections : « je définis les objets et les circonstances ayant provoqué et accueilli mes actions et mes paroles afin de leur découvrir une signification ».
Comme la conscience n’a accès qu’à la surface des choses, ce qui est compris à partir des histoires passées (généalogie, vécu affectif, choix, expérimentations) et des émotions émergentes devant certains objets et situations particulières permet la compréhension du présent et une ouverture sur l’avenir.
Le plus souvent, le signifiant primitif (raison) est oublié mais la charge émotionnelle portée par l'objet introjecté, puis projeté, est le témoin d’un mouvement inconscient rémanent (vivace).
La dimension métaphorique (symbolique) des faits donne lieu à une recherche de sens puisque chaque geste, chaque acte, chaque pensée témoigne d’une chose dont l’origine peut être inconsciente.
Il s'agit alors d'ouvrir l'espace créatif d'acceptation de la conscience, celui qui permet de rappeler les refoulements (objets évincés par les mécanismes de défense).
La compréhension progressive des mouvements psychiques et de leurs causes permet de soustraire la conscience à l’énergie et à l’influence de contenus envahissants, difficiles ou pathologiques tels que les croyances et les ruminations.
La projection (verbalisation) des éléments psychiques (fantasmes, conflits, représentations, croyances) engendre un puissant effet de retour (rétroaction) à la conscience par la possibilité de se regarder projeté dans la réalité, à l’extérieur de soi.
Le contenu ainsi projeté, dévoilé, exprimé, exposé et observé à posteriori acquiert une autonomie propre pour devenir, par le discernement de son créateur, un élément isolé et un miroir pour lui-même.
Qu'elle soit reconnue, nommée ou déguisée, la projection n’est plus uniquement à l'intérieur de soi dans un univers isolé et reclus de la conscience, mais devient l’objet et le support d'une parole compréhensible à soi et accessible à autrui.
En ressentant, à chaque instant, les choses (pensées) projetées en tant qu’elles-mêmes (détachées de soi), la conscience trouve les réponses de causalité et devient lucide des conséquences de sa situation et de ses actions.