À la question « qui es-tu ? » je réponds : « on m’appelle Jean-Yves (identité), je suis un homme de 51 ans (statuts), je suis artiste-peintre (statut), je brosse (rôle) des figures abstraites, parfois je crayonne, je suis marié (statut) depuis 15 ans à Feuille qui a 46 ans, avec laquelle j’ai trois enfants (statut), une fille et deux garçons, nous louons (statut) une maison à la campagne (désir), je pratique (besoin) le yoga et la méditation, je me promène (besoin) régulièrement dans la forêt, je me rends seul (assertivité) aux concerts de musique contemporaine (désir) car Feuille ne les apprécie pas (affirmation de soi) et je ne lis (désir – besoin) que des romans policiers ».
Ainsi, ma description me caractérise, elle est une représentation de soi particulière dans le sens qu’elle est une combinaison originale de choses que je fais et que personne d’autre ne fait comme moi.
Ces choses que j’ai, ces choses que je fais, proviennent de moi et illustrent une partie sociale de moi, présentable et représentative de ma personnalité.
J’ai pourtant conscience d’être bien plus qu’un individu qui fait des choses, même si ces choses sont intéressantes.
Je rêve peut-être de plus de singularité, d’originalité, peut-être même de marginalité ou de paradoxes.
Alors, dois-je me demander qui suis-je sans trouver de réponse satisfaisante ou abandonner l'espoir de me connaître ?
Je peux rêver de me décrire en toute franchise comme « un homme complexé par sa petite taille (image de soi), qui aimerait vivre dans la nature sans devoir travailler (désirs), qui pense qu’il serait bien mieux ailleurs (croyance) et qui ne comprend rien (défaut d’estime de soi) aux textes alchimiques ».
Cette description éclaire davantage mon être au travers de mes pensées et de mes désirs mais ne renseigne pas mes ressentis (de plus, je me définis à la troisième personne).
Ainsi :
« Je réponds au prénom Jean-Yves. Je n'ai pas d'âge ou alors, celui d’une certaine maturité. Je ressens le besoin de progresser car je continue de me compléter. Je suis accordé à mon côté féminin, intuitif et sensible, j’aime la beauté des choses. Je suis uni à Feuille, âme fantasque et muse de mes créations. Nous partageons à deux le goût de la vie et du temps présent, chacun à sa manière. Elle contribue à mes élucubrations et moi aux siennes. Feuille évoque l’image maternelle qui m’a manqué, je l’accepte telle qu’elle est. J’ai accueilli trois enfants inattendus qui ont tous voulu grandir pour découvrir le monde, ils viennent régulièrement pour écouter ensemble le chant des oiseaux. Nous vivons dans une clairière au milieu de la nature. Je suis émerveillé par la forêt où je me promène tous les jours depuis que j'ai accepté d'avoir peur des insectes. Je lis des romans policiers mais j’aimerais pouvoir lire d’autres œuvres comme celles d’Henri Bergson, de Carl-Gustav Jung ou de Baruch Spinoza ».